vendredi 16 février 2007
Aquarelle créée par Samuel, un octogénaire atteint d’Alzheimer.
L’art contre l’alzheimer
Régis Tremblay
Le Soleil
Dans le brouillard où s’avance ce malade atteint d’Alzheimer perce soudain une lumière, un espoir… Cette lueur le guide vers une éclaircie… vers quelqu’un : lui-même ! Ce rayon d’espoir, c’est l’art.
Cette illumination est arrivée récemment à quatre octogénaires de Montréal : Béatrice, Benoît, Samuel et Victor. Atteints d’Alzheimer, ils se sont réunis tous les jeudis pendant six mois, autour de la thérapeute Pascale Godbout, pour s’adonner à des activités artistiques.
La thérapeute témoigne : « Tous les quatre ont exprimé leur plaisir et leur satisfaction ; tous les quatre ont manifesté de l’enthousiasme, de la bonne humeur et de la joie. Et surtout, tous ont trouvé dans l’art une façon de compenser un peu l’altération de leurs facultés. »
Le résultat fut si encourageant que Pascale Godbout en a fait son sujet de recherche pour l’obtention d’une maîtrise en art-thérapie, à l’Université de Montréal, l’an dernier.
L’art-thérapie n’est pas encore admise par notre système de santé. « Ma profession n’est pas reconnue. Pourtant, les résultats sont là ! » affirme Pascale Godbout, en entrevue, qui fait cette recommandation dans son étude : « On peut souhaiter que les services d’art-thérapie auprès des personnes âgées en perte d’autonomie soient offerts dans tous les centres d’hébergement, qu’ils fassent partie du programme ordinaire de soins et d’activités quotidiennes… »
La thérapeute précise : « Il y a bien quelques séances de dessin dans les centres d’hébergement, mais elles sont classées dans la section bricolage, loisirs et bingos… alors qu’on pourrait en faire de vraies séances de thérapie ! »
L’art dont il est ici question n’est pas du grand art, mais un mode d’expression où l’acte est plus important que le résultat. À partir de quelques techniques simples (collage, dessin, aquarelle), les quatre octogénaires ont réalisé des œuvres naïves, mais significatives.
« Étant inaptes à suivre des directives, ils ont eu toute liberté pour faire ce qu’ils voulaient.
Mais le seul fait de créer a amélioré leur rapport à eux-mêmes et au monde. Béatrice, Benoît, Samuel et Victor en ont ressenti du bien-être, une meilleure estime de soi et un plus fort sentiment identitaire », déclare Pascale Godbout.
Est-ce si étonnant de constater le pouvoir libérateur de l’art sur les personnes déficientes, alors que le geste créateur a toujours eu des effets profonds sur tout artiste, quel qu’il soit ? « Le monde de l’art est plus ouvert que toute autre activité humaine, il est vraiment la lumière au bout du tunnel pour beaucoup de gens », ajoute la thérapeute.
Pour Pascale Godbout, son travail de « débroussaillage » est une promesse, un investissement : « C’est comme planter une graine. J’ai plein d’idées pour prolonger cette expérience. D’ailleurs, la Société Alzheimer s’est montrée intéressée à lui donner suite… »
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